Au bout du rouleau, Pixmania ne livre plus ses clients

Ne commandez plus dans les rayons virtuels du e-commerçant français Pixmania : l'entreprise, en redressement judiciaire depuis le 14 janvier 2016, encaisse les commandes mais ne livre plus les produits à ses clients. Chronique de la débâcle d'un ancien site de vente en ligne à succès.

Pixmania, le site de vente en ligne tricolore, encaisse les commandes de ses clients mais ne leur envoie plus leurs produits, comme le souligne le blog SOS Conso du journal Le Monde dans un article daté du 26 janvier.

L'association Net-Litiges a reçu de très nombreuses plaintes, comme celle de Danie3107, postée le 26 janvier. Il a commandé un iPhone 6S à 679 euros le 24 décembre 2015 à l'entreprise Elitgsm, qui utilisait la place de marché Pixmania pour commercialiser ses articles. Mais le commerçant tiers ne travaille plus avec le site de vente en ligne. Le client n'a donc pas reçu le produit et attend toujours son remboursement. 
    
Sur le site de Pixmania, tout à l'air normal… L'entreprise, en redressement judiciaire depuis le 14 janvier 2016, se garde bien de prévenir les internautes de ses difficultés financières sur sa page d'accueil. Ils peuvent toujours commander leurs produits sur Internet. 

    
Un mantra : la diversification

Les clients lésés, dont le paiement a été enregistré après la mise en redressement judiciaire de Pixmania, peuvent faire opposition auprès de leur banque en présentant le certificat du tribunal de commerce justifiant le redressement. 
    
Pourtant, l'histoire de Pixmania, site de vente en ligne créé en 2000, avait commencé comme un conte de fée. Au départ spécialisé dans la distribution d'appareils photo numériques pour le grand public, il a développé en 2004 une plate-forme BtoB, pixmania-pro. Le groupe commence alors à se diversifier, pour faire face à la concurrence des géants de la vente en ligne, comme Amazon : en 2005, il met la main sur Webhallen, e-commerçant suédois spécialisé dans la vente de jeux vidéo et de produits culturels. 
    
En 2008, Pixmania ouvre une place de marché pour les commerçants tiers. Mode, maison, gros électroménager… Cela lui permet de proposer une gamme de produits toujours plus variée et d'attirer dans ses filets numériques de nouveaux internautes. En 2010, l'entreprise ouvre une section bagagerie. 

    
Une stratégie payante jusqu'en 2010

Cette stratégie a été payante pour le groupe jusqu'en 2010. Avec près de 1500 salariés, 10 millions de clients dans 26 pays et 806 millions d'euros de chiffre d'affaires, Pixmania faisait cette année-là figure de réussite du web à la française. Mais la grenouille ne réussit que rarement à devenir plus grosse que le bœuf… 
    
L'entreprise tricolore poursuit dans les années 2010 la stratégie de diversification qui avait fonctionné jusque-là : en juin 2011, elle signe un accord avec Carrefour pour développer son site de vente en ligne de produits non-alimentaires. En novembre de la même année, elle ouvre le rayon mobilier avec des canapés, tables, chaises, ainsi qu'un "Love Shop". En février 2012, le e-commerçant lance sa propre ligne de joaillerie: Rose & Kara. 
    

La chute

Mais son chiffre d'affaires plonge. En 2012/2013, il n'est plus que de 424 millions d'euros et passe en 2013/2014 à 295 millions d'euros. Cetteentreprise de taille moyenne ne parvient pas à faire le poids face aux mastodontes Amazon et Fnac.com, pour ne citer qu'eux, dans un marché où les prix les plus bas et une expérience client léchée sont devenus la norme. 
    
Le distributeur britannique Dixons, qui avait pris le contrôle de la société en 2006, se désengage au profit du fonds allemand spécialisé dans le redressement de sociétés en difficulté Mutares début 2014. Pixmania, en redressement judiciaire depuis le 14 janvier 2016, a perdu environ deux tiers de sa masse salariale à la suite de plusieurs plans sociaux conduits depuis 2012. Le conte de fée s'est transformé en cauchemar pour les collaborateurs du groupe, et pour ses derniers clients.

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