Hadopi profite au cinéma américain au détriment des films français

Selon une étude, la lutte contre le piratage sur internet n'a pas accru les entrées en salles de cinéma, mais les a réparties différemment, en faveur des films américains. 
Tout ça pour ça. Le cinéma français, fervent soutien d'Hadopi, va être déçu. Une étude qui vient d'être publiée montre que la lutte contre le piratage a "clairement favorisé" le cinéma américain au détriment des films français.Précisément, l'étude montre qu'Hadopi n'a pas fait augmenter les entrées en salles de cinéma, mais les a juste réparties différemment. Elle estime que l'autorité anti-piratage a fait gagner aux films américains de 15,4 à 20 millions d'entrées, et a fait perdre autant d'entrées aux films français. Un ticket de cinéma coûtant en moyenne 6,3 euros selon le CNC, cela signifie donc un transfert de 97 à 126 millions d'euros du 7ème Art hexagonal vers son rival hollywoodien.L'étude se base sur les entrées en salle ville par ville, puis utilise quatre méthodes d'analyse différentes, qui aboutissent toutes quatre à la même conclusion.Le piratage favorise les films français
Les deux auteurs de l'étude, Christophe Bellégo (normalien, administrateur de l'Insee) et Romain de Nijs (diplômé de Polytechnique où il est aujourd'hui chercheur) avancent les explications suivantes. D'abord, un film américain est "plus exposé au piratage": des copies pirates sont en général disponibles lorsque le film sort en salles, provenant notamment des Etats-Unis, où le film sort un à deux mois plus tôt. Cela incite donc à voir des films américains plus en téléchargement qu'en salles. En revanche, il n'existe quasiment pas de copie pirate d'un film français durant son exploitation en salles, ce qui incite à aller le voir dans une salle obscure. En résumé, le piratage favorise les films français en salles… Surtout, lorsque la loi Hadopi a été votée (2009), puis lorsque les premiers emails d'avertissement ont été envoyés (2010), une partie des internautes a considéré que pirater les films américains devenait "trop risqué", et s'est donc mis à aller les voir en salles.Budget pas illimité
Pour autant, cette population n'a pas fréquenté plus les salles, mais a fait un arbitrage dans les films qu'elle allait voir, étant donné que son budget et son temps ne sont pas illimités. Et elle a choisi aller voir plutôt des films américains, parce que ce sont les films qu'elle "tend à préférer". D'où l'effet négatif sur les entrées des films français. Au total, cette population voit moins de films, d'où "un effet négatif sur le bien être des consommateurs", et "un effet nul sur le profit de l'industrie", estime l'étude. Conclusion: la lutte contre le piratage "rétablit une allocation plus juste entre films américains et nationaux en fonction de leur valeur pour le consommateur". Et donc "le résultat n'est pas forcément aligné avec les objectifs d'une politique maximisant la diversité culturelle".A noter que l'étude a été présentée lors d'un récent colloque organisé par le ministère de la Culture. Source http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise … 32177.html