Bon je découvre le monde des mangas et j'aimerai partager et/ou trouver d'autres seinen qui tourne autour des faits de société et la psychologie.
Voici une présentation de l'Ikigami - Préavis de mort
Inception, Pluto, Je suis une légende… Autant d’œuvres d’anticipation qui puisent leur force et leur succès 
dans une idée originale de réalité alternative. C’est le cas d’Ikigami, 
le seinen de Motor Mase,  qui a recueilli de nombreuses récompenses. En 
postulant que la mort est ce qui donne le plus de valeur à la vie, le 
mangaka a accouché d’un scénario polémique et passionnant. Mais une 
idée, aussi inspirée soit-elle, peut-elle vivre sans décevoir sur la 
longueur ?
Il vous reste 24 heures à vivre…
Tel est le message du jeune fonctionnaire Fujimoto lorsqu’il délivre 
l’Ikigami, le préavis annonçant à son destinataire un décès garanti dans
 les 24 heures qui suivent.
L’histoire de l’Ikigami commence dès l’entrée à l’école primaire. Chaque enfant 
reçoit un vaccin, auquel on a ajouté une nano-capsule qui va 
progressivement se loger au niveau du cœur. Quelques années plus tard, 
lorsque les vaccinés ont entre 18 et 24 ans, une capsule sur 1 000 
éclate et tue son propriétaire. 
Afin de pouvoir profiter de ces derniers instants, chaque condamné reçoit un
 préavis de décès qui lui annonce qu’il est en train de vivre sa 
dernière journée.
« La loi pour la sauvegarde de la sécurité nationale », tel est le nom de
 ce système mis en place par le gouvernement afin d’inciter chaque 
génération à vivre pleinement son existence, en développant la passion 
de la vie par la crainte d’une mort prochaine.
Fujimoto est donc le dernier maillon de cette chaîne et délivre plusieurs fois 
par mois le funeste message. D’abord touché par la cruauté de sa 
mission, il fait petit à petit taire ses propres doutes, par peur de 
représailles. Le gouvernement voit en effet d’un mauvais œil toute 
contestation du système en place, réduisant à un silence temporaire, 
voire définitif, tous les opposants ou objecteurs de conscience.
Cependant, préavis après préavis, Fujimoto ne peut s’empêcher de s’interroger sur 
le bien-fondé de sa profession et sur la légitimé de cette institution. 
Et lorsque son chemin croise celui d’une opposante persuasive qui voit 
clair dans ses convictions, rien ne va plus…
La mort en préavis
Que feriez-vous si on vous annonçait qu’il ne vous reste plus que 24 heures
 à vivre ? À travers son manga, publié depuis 2005 au Japon par 
l’éditeur Shogakukan, Motor Mase donne vie à une question universelle, 
qui était restée jusqu’ici purement rhétorique.
Face à ce dilemme, chacun possède une réponse différente. La série prend 
donc le parti de nous présenter tout un éventail de destins et une 
multitude de possibilités : la tête de Turc choisira-t-elle la vengeance
 ? Le musicien pourra-t-il se faire entendre ? Est-ce que l’infirmier 
pensera à lui ou une fois de plus aux autres ? Est-ce que le fils 
condamné acceptera d’être le jouet politique de sa mère ? Est-ce que le 
looser pourra profiter de l’Ikigami pour connaître la gloire ?
Toutes ces questions ont pour source un passé souvent obscur, que les victimes
 de l’Ikigami espéraient remplacer, un jour, par un avenir plus radieux.
 Malheureusement de futur il n’est plus question et tous les espoirs 
sont tués dans l’œuf. L’arrivée de l’Ikigami est d’ailleurs un 
moment-clé, savamment inséré dans le récit pour lui donner un maximum 
d’impact.
La stupeur est ensuite rendue palpable par le trait réaliste de Motor 
Mase. Au-delà d'un character-design qui ne paye pas de mine, on peut 
saluer la maîtrise des émotions humaines : peur, colère, tristesse et 
détermination font rapidement naître l’empathie d’un lecteur déjà touché
 par l’injustice d’une mort aussi péremptoire. L'impression de réalisme 
est accentuée par des décors très détaillés, photographiques même.
Chacun sa mort, chacun son chemin (passe l’Ikigami à ton voisin !)
Néanmoins toutes les histoires d’Ikigami ne peuvent trouver les mêmes échos chez 
ses lecteurs et leur attrait dépendra du propre vécu de ces derniers. 
Selon que vous ayez remis à plus tard une passion dévorante, que vous ayez du
 mal à accepter les responsabilités de la vie d’adulte ou que vous 
attendiez en vain une reconnaissance parentale ou professionnelle pour 
étayer votre existence, les protagonistes ne susciteront pas chez vous 
les mêmes sentiments et intérêts.
Certains vécus vont ainsi vous émouvoir ou vous révolter, là où d’autres les 
jugeront banals, voire même répétitifs. La lecture d’Ikigami connaît 
donc des hauts et des bas, mais vous y trouverez forcément une ou 
plusieurs histoires qui vous toucheront personnellement.
Heureusement la trame de fond du manga pallie, en partie, les aléas dans l’intensité
 du récit. Le système gouvernemental entourant la loi pour la sauvegarde
 de la sécurité nationale dévoile progressivement sa face cachée : une 
inquiétante intransigeance pour les esprits retors, un muselage 
catégorique des médias et un lavage de cerveau à l’échelle nationale, 
pour le soi-disant bien de la nation.
On découvre avec effroi, en même temps que Fujimoto, un système fascisant 
qui ne recule ni devant l’aliénation ni le meurtre pour assurer sa 
pérennité. 
Le malaise inspiré par cette société cruelle laisse donc la place à la 
paranoïa du Big Brother, ainsi qu’à un profond désir de révolte, tout 
aussi addictif pour le lecteur que les destins des receveurs d’Ikigami.
Au-delà d’une excellente idée de départ, Motor Mase réussit à prolonger 
l’intérêt de sa série sur la longueur en renforçant son seinen polémique
 d’un thriller politico-sociologique. Même si tous les volumes ne se 
valent pas, la multitude de jurés qui ont décidé de récompenser cette 
œuvre ne s’y est pas trompée : Ikigami est une expérience à tenter.
source : manga-news.com


