Aux Emirats arabes unis, les utilisateurs de VPN risquent la prison

Aux Emirats arabes unis, tout recours à un réseau privé virtuel (VPN) – qui permet à l’utilisateur de naviguer de manière plus anonyme, contrairement aux connexions « classiques » sur un réseau commun – est désormais passible d’une peine de prison et d’une amende conséquente. Le président, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, vient d’adopter une loi particulièrement restrictive afin de lutter contre les « cybercrimes » :

    « Quiconque utilise une adresse IP frauduleuse en recourant à une fausse adresse ou une adresse tierce par n’importe quel moyen dans le but de commettre un crime ou d’empêcher sa découverte, sera puni d’un emprisonnement temporaire et d’une amende d’au moins 500 000 dirhams [environ 120 000 euros] et jusqu’à 2 000 000 de dirhams [près de 490 000 euros] ou bien de ces deux sanctions. »

La notion de « crime » évoquée par la loi recouvre une réalité très large dans un pays où les applications de communication comme Snapchat, WhatsApp et Viper sont inaccessibles en raison d’un blocage gouvernemental… contournable par un recours aux VPN. Tout comme l’accès aux très nombreux sites internet bloqués dans le pays, qui censure tout site contenant pornographie, photos dénudées ou contenu politique critique.
Une loi qui affecte particulièrement les travailleurs immigrés

Cette mesure restrictive affecte tout particulièrement les premiers utilisateurs de ces services : les travailleurs immigrés, qui recourent à ces applications pour communiquer gratuitement avec leurs proches restés au pays. Ces résidents représentaient 88 % de la population en 2015, selon The Economist.

En effet, ces derniers sont de grands utilisateurs des applications de VoIP (téléphonie par Internet), qui permettent d’appeler gratuitement ou quasi gratuitement à l’étranger. Or, seuls les opérateurs téléphoniques Etisalat et Du sont autorisés par les Emirats arabes unis à proposer un accès – payant – aux services VoIP. De nombreux travailleurs étrangers utilisent donc un VPN pour contourner le blocage gouvernemental et pouvoir téléphoner gratuitement.

Avec cette nouvelle loi, les nombreux résidents qui recourent quotidiennement à un VPN pour accéder à de tels services devront donc soit souscrire aux coûteux abonnements proposés par les deux entreprises, soit utiliser le service proposé par Skype, dont l’interdiction a été levée en avril, ou bien poursuivre leur pratique dans l’illégalité.

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